L’agence S&P dégrade la note de la France de AA à AA-
La récente décision de l’agence de notation Standard & Poor’s (S&P) de dégrader la note de la dette publique française de AA à AA- a suscité des réactions contrastées au sein du gouvernement. Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, a minimisé l’impact de cette décision, comparant la dégradation à une baisse de 18 à 17 sur 20. Il a même attribué cette dégradation au succès de la politique économique française, affirmant avoir sauvé l’économie du pays.
Cette vision est loin d’être partagée par tous. François-Xavier Bellamy a vivement critiqué la gestion économique du gouvernement, qualifiant la dégradation de « signal d’alarme » et dénonçant les « folies budgétaires et fiscales » qui pèsent sur les générations futures. De son côté, Agnès Verdier-Molinié, directrice de la Fondation iFrap, a souligné que la situation actuelle est le résultat de déficits publics chroniques et d’une gestion financière imprudente bien avant la pandémie de Covid-19.
Sur les réseaux sociaux, les critiques n’ont pas tardé. Éric Ciotti, président des Républicains, a dénoncé la « piteuse gestion des finances publiques » de l’administration Macron/Le Maire. Marine Le Pen, leader du Rassemblement national, a fustigé une gestion jugée catastrophique, accumulant des records en termes de déficit et de dettes. Éric Coquerel, de La France insoumise, a prédit que cette dégradation serait utilisée pour justifier de nouvelles coupes budgétaires.
La France dégradée par les agences de notation
S&P avait déjà mis en garde la France en décembre dernier, et cette dégradation ne fait que confirmer ses prévisions pessimistes sur l’évolution de la dette publique, qui devrait atteindre 112,1 % du PIB en 2027. La comparaison avec d’autres pays européens est peu flatteuse : la France a désormais le troisième ratio dette/PIB le plus élevé de la zone euro, après la Grèce et l’Italie.
Les commentaires accompagnant cette dégradation sont également préoccupants. S&P prévoit une augmentation significative des coûts d’emprunt pour la France, et les intérêts de la dette pourraient représenter 5 % des recettes publiques d’ici 2027. Malgré les assurances de Bruno Le Maire sur l’absence d’impact immédiat et sa promesse de ne pas augmenter les impôts, les économistes restent sceptiques.
Agnès Verdier-Molinié estime qu’il est possible de réaliser des économies substantielles sans augmenter les impôts, mais cela nécessiterait des réformes structurelles profondes. Le gouvernement Macron devra naviguer dans un contexte politique difficile, où chaque décision budgétaire sera scrutée et potentiellement contestée par des motions de censure, notamment de la part des Républicains.
Standard & Poor’s (S&P) dégrade la note de la France
La décision de S&P arrive à un moment particulièrement délicat pour Emmanuel Macron, à quelques jours des élections européennes, où sa majorité semble déjà en difficulté. Cette dégradation pourrait bien devenir un argument supplémentaire pour ses adversaires politiques, fragilisant encore plus sa position.
La dégradation de la note de la France par S&P est un rappel sévère des défis économiques auxquels le pays est confronté. Malgré les efforts de Bruno Le Maire pour minimiser l’impact de cette décision, la réalité des finances publiques françaises nécessite des réformes profondes et un engagement à long terme pour stabiliser la situation économique du pays. Les Français, eux, auront bientôt l’occasion de faire entendre leur voix par le biais des urnes.